En 2060 l'Etoile Rouge de Bamako reçoit les remerciements formels de la nation lors d'une allocution du président Alioune Takiou. C'est le début des années dorées pour le club bamakois. Les succès sportifs s'enchaînent (champion en 2060,2063,2065,2066,2067, vainqueur de la coupe du Mali en 2061 et 2066, vainqueur de la Ligue des Champions africaine en 2066 et 2067) et le club jouit d'une popularité qui ne faillit pas d'un bout du pays à l'autre (et même au delà). C'est le début de la rivalité légendaire (et encore vivace de nos jours) avec les Eléphants de Tombouctou, l'autre grande équipe du pays.

C'est cette rivalité qui sera à l'origine de la déchéance du club. Le 8 novembre 2068 les canards bamakois reçoivent les Eléphants dans un match au sommet. La rivalité est à son comble après que les présidents des deux clubs ont voulu motiver leurs joueurs en attisant les braises du conflit. La confrontation entre les supporters des deux camps sera terrible. Excités par la chaleur et sans doute par l'alcool, des bandes se formèrent qui se jettèrent sur tout ce qui ne portait pas leurs couleurs. Ce sera un jour noir pour Bamako et le début d'une semaine de pillages et d'émeutes sanglantes. Les dégâts se monteront à plusieurs millions et l'on dénombrera après les évènements 453 morts (dont 46 policiers et militaires).

Les deux clubs seront jugés responsables et devront payer des amendes records et des dommages et intérêts qui les laisseront exsangues: joueurs transférés, stades vendus à des promoteurs et dirigeants en prison. Le futur de l'Etoile Rouge de Bamako et des Eléphants de Tombouctou semble bien sombre. Et cela se confirme. Les clubs suivent un destin parallèlle: deux rétrogradations successives et la déchéance financière. L'Etoile Rouge n'est plus que l'ombre d'elle même et est prête à vendre les lambeaux de sa gloire passée au plus offrant lors de la liquidation judiciaire du club en 2081.

C'est lors de cette vente que le président Seydou Gaoussou Sissoko fera son entrée dans l'histoire du club. SGS était alors un jeune entrepreneur sans scrupules, connu pour ses démêlés avec la justice et les services des impôts. A l'époque il s'était sorti par miracle (ou par des pots-de-vin diront ses opposants) du scandale de la roulette bamakoise dans laquelle de nombreux habitants de la capitale malienne avaient laissé leurs économies et l'ambitieux jeune homme souhaitait se racheter une popularité et un fonds de commerce.

SGS obtiendra l'Etoile Rouge de Bamako pour une bouchée de pain, ou plus exactement contre l'engagement de fournir 50 repas gratuits par semaine aux nécessiteux de Bamako (notons à son crédit qu'il s'est toujours acquitté de cette obligation). Mais il n'avait acheté qu'un nom et des dettes. Qu'allait devenir le club?