Le stade des Martyrs est à nouveau plein à ras bords pour ce match entre deux prétendants à la montée. A ma gauche l'Etoile Rouge de Bamako et à ma droite les Samarkand Panzers. Les deux équipes se sont déjà rencontrées cette saison, les canards bamakois s'étant imposés à Samarkand pour le premier match de cette franchise. Nul doute que les Panzers sont venus chercher une revanche à Bamako, mais les canards ne sont pas nés de la dernière marre et entendent bien joueur leurs chances de montée à fond, bien qu'ils ne soient pas favoris. Mais rejoignons le terrain où Jean-Jean Tapo, le marabout de l'Etoile Rouge, a fini sa lutte contre les esprits malfaisants.

1/4 Sous l'averse de tambours bamakois, les canards s'élancent groupés vers le but adverse. Oui, le "Love Train" est de sortie ce soir et, à entendre les nombreux cris d'excitation qui s'élèvent des gradins, il y aura encore dans neuf mois une épidémie de supporters de l'Etoile Rouge en layette! Les Panzers semblent pétrifiés et mettent une éternité à réagir. On les comprend: imaginez 10000 paires de pieds qui martèlent le sol au rythme du Love Train; entendez 10000 bamakois crier leur orgasme à pleins poumons! On serait impressionné à moins! Seul Amato est en mouvement pour Samarkand, mais il semble en état de choc et passe à côté du Love Train sans même le remarquer... Comprenant enfin que le danger est proche de leurs buts, les Panzers réagissent et dans un sursaut d'orgueil tentent de faire rempart de leur corps pour bloquer le tir de Walcha. Mais trois d'entre eux n'y suffiront pas et il faut un réflexe inouï de Dyachok, placé en dernier rempart, pour empêcher les bamakois de marquer sans opposition. Dyachok tente de relancer vers Amato, mais la balle doit passer par la mêlée générale qui se déroule à proximité des buts des Panzers. De ce tas humain émerge le bras de Walcha qui saisit la balle et s'avance à quelques centimètres de Dyachok. Bondarevs intime à ce dernier l'ordre de faire "assis-couché-debout-assis-couché" et c'est donc sans opposition que Walcha marque 5 points. Etoile Rouge de Bamako 5 Samarkand Panzers 0

2/4 Le public bamakois n'en croit d'abord pas ses yeux. Et pourtant, il lui faut bien vite se rendre à l'évidence: les Panzers osent le sacrilège ultime, copier le Love Train des canards bamakois dans leur antre du stade des Martyrs. Dire que les spectateurs présents se sentent insultés dans leur héritage culturel est très au dessous de la vérité et c'est sous les sifflets et les crachats que les Panzers montent à l'assaut du but bamakois. Bondarevs et Ketola tentent d'intercepter l'express de Samarkand mais ils sont battus en vitesse pure. Puis c'est au tour d'Okike de tomber sous les roues de l'adversaire avant que Captain Ben' (Ogweno) ne soit crucifié à bout portant par un Amato qui semble en meilleure forme qu'au quart-temps précédent. Etoile Rouge de Bamako 5 Samarkand Panzers 5

3/4 Ce sont des canards bamakois décidés à venger l'outrage fait au Love Train qui s'élancent vers le but de Samarkand. Et l'on voit tout de suite la différence avec la grossière imitation des hommes venus de l'ouest. La grâce a remplacé la lourdeur, le félin a pris la place de la lourde vache laitière. C'est un spectacle d'une beauté telle que l'on ne peut s'empêcher de verser une larme en se disant que l'on peut à présent mourir en paix, car on a touché le divin. Les joueurs de l'Etoile Rouge semblent littéralement portés par les encouragements hystériques de leurs supporters qui réclament, tout aussi littéralement, la tête des ouzbèques. Les Panzers choisissent sagement d'éviter l'affrontement et c'est donc sans avoir été inquiété le moins du monde que Walcha marque 5 points supplémentaires pour son équipe. Etoile Rouge de Bamako 10 Samarkand Panzers 0

4/4 Sous les insultes et les malédictions, les Panzers réitèrent leur bien mauvaise imitation du Love Train. Avec courage, Bondarevs, Ketola, Okike et Ogweno tenteront de s'opposer au passage des ouzbèques. Mais ils sont balayés par plus rapides qu'eux les uns après les autres et c'est sans encombres qu'Amato trompe Abu en petite forme. Etoile Rouge de Bamako 10 Samarkand Panzers 10

Le résultat nul de ce match importera peu au final. S'il ne fait l'affaire d'aucune des deux équipes, il leur laisse toutes leurs chances. Non, ce que l'Histoire retiendra de ce match est le comportement bien peu sportif des Panzers. Les maliens ne sont pas les derniers à apprécier une bonne plaisanterie, mais toujours dans le respect des traditions d'autrui. Le comportement des ouzbèques a été au delà de l'irrespect, il a ajouté l'insulte à l'offense en se permettant de présenter au public bamakois une mauvaise copie du Love Train! Il faudra l'intervention des forces anti-émeutes pour que l'équipe de Samarkand puisse regagner l'aéroport. Oui, Samarkand a mis le feu au stade des Martyrs mais les Panzers y ont perdu une partie de leur capital sympathie: on ne joue pas impunément avec les allumettes! On notera d'ailleurs que les journalistes ouzbèques présents sur place ont été les premiers à condamner l'attitude déplorable de leur équipe, ainsi qu'on peut le lire ici

Etoile Rouge de Bamako 10 Samarkand Panzers 10

10000 spectateurs

Etoile Rouge de Bamako: Walcha (10), Ogweno, Ketola, Abu, Bondarevs, Okike, Nafe, Mann

Samarkand Panzers: Amato (10), Fagerstroem, Beinke, Dyachok, Masi, Rottenberg, Roller, Planckaert